Correspondances

 

Carte à son oncle Lucien

Carte postale de Mauzac

La prison militaire de Mauzac

Mauzac . Mercredi 15 juillet 1942
Mes chers tous

Je vous remercie de votre carte du 5 courant que j'ai reçue aujourd'hui seulement. Je tiens particulièrement à remercier mon oncle pour les démarches qu'il a tentées pour mon élargissement. Je ne sais pas si cela aboutira , je vous avouerai même que je ne le crois guère, mais de toute façon, le temps de la fin approche et déjà est plus près que le début de l'aventure. En toute franchise, je vous déclarerai que je suis très bien ici (malgré que je préfèrerais me trouver près des miens ) et que le temps passe assez rapidement. Je suis dans un milieu d'officiers et hauts fonctionnaires coloniaux très sympathiques, dont le contact est très intéressant et instructif. Les parties d'échecs contribuent à passer le temps. Le soleil m'a déjà gratifié d'un sacré coup sur mes épaules et je suis en train de changer de peau.
J'ose espérer proche le jour où je pourrai, de vive voix, vous remercier de vos prières et encouragements. Hier c'était le 14 juillet et je suis sûr que vos vœux furent les miens.
Je suis en très bonne santé et je souhaite qu'il en soit de même pour vous.

Je vous embrasse tous quatre.
Henri


Buchenwald postée le 21/06/44

Meine liebe Eltern und liebe Schwester

Es ist mit Freude daß ich endlich meinen Nachrichten geben kann. Die Gesundheit ist sehr gut und hoffe ich daß es für ihnen gleich ist.
Sie dürfen Mir so oft dass sie wollen auf deutsch schreiben.
Der Nummer und der Gewicht des Paketen ist wie man will. Ich bekomme wohl Tabak, Cigaretten, Cigarettenpapier, Zucker, Salz, Speck, Salzende Butter, Chokoladen, Schmalz, Kriegbrot und Nahrung die sich halten, Was sie finden können. Aber sie sollen nicht sie entbehren.
Meine sehr liebe, Küssen sie gut alle die Familie, und für ihnen dreinen, empfangen sie meine liblicheren Küsten

Ihre Sohn und Bruder

P.S. Schicken sie mir Kleider-Wasche und eine Pull Over.

Lettre conservée par sa soeur

St-Etienne, le 12 juillet 1944
Nous avons reçu avec joie, aujourd'hui une lettre de Henri . Elle est écrite obligatoirement en allemand. On peut lui écrire sans limite de nombre de lettres mais en allemand.
Henri dit qu'il est en très bonne santé. Il exprime le souhait que toute la famille soit de même. Il demande des colis de vivres et de linge et vêtements.
Nous lui en envoyons un immédiatement par la Croix-Rouge de Lyon. Nous allons lui en confectionner un autre, car les colis par les familles sont également illimités. La Croix Rouge n'en envoie qu'un par mois.
Nous allons lui écrire en allemand ce soir. Il ne dit rien sur sa vie là-bas. Nous ne lui donnerons que des nouvelles de la Famille et lui annoncerons notre sinistre en lui demandant de ne pas se faire de mauvais sang.

Voici son adresse : Henri PERRIN
Nr53.985 Block 29
Konzentrationslager
WEIMAR-BUCHENWALD
DEUTSCLAND

(Lettre non cachetée, timbrée à 4 Fr.)
C'est un soulagement pour nous, car la lettre est datée du 18 juin.
Je vous embrasse tous bien affecteusement

Copie "carbonne" d'une lettre à diffusion mutilple

St Etienne 13 Juillet 1944
Meine Lieber Sohn
Mit grosser Freund haben wir gestern deinen Brief den 18 Juni bekommen. Seit lange warten wir deine nachrichten. Wir sind glücklich dass deine gesundheit gut ist. Er ist gleich für uns. Die ganze Famile geht gut. Wir warhen in Comblanchien am 15 Juni. Die grossmuter kann nicht mehr gut treten. Johann PERRIN war zu seiner Familie für 3 Wochen. Micheline hat seine Bac gut passiert. Onkel Lucien war sehr Müde. Er arbeitet nicht. Wir hoffen dass er bessert geht. Wir haben Cousine Marguerit, Ursule und Marie geshen, auch den Pfarrer von Chambolle. Alle grüssen dir viel. Wir wollen bald zu deiner Onkel Joseph gehen.
Deine Vater hat immer viel arbeit. Deine Schwester Marie-Thérèse hat nicht können das Examen passiert den 31 Mai. Sie arbeitet noch und wird in Oktober passieren.
Was machst du den ganzen Tag ? Arbeitet du ? Müssen wir dir geld schirken ? Das rod Kreuz von Lyon wird dir heute ein Paket absenden. Wir werden dir bald kleider wasche spedieren.
Schreibe uns nicht mehr 1 Ferdinandstrasse, aber 2 Avenue Denfert Rochereau
Wir denken viel aus dich und schirken dir beste München für die Heilige Heinrich.
Gisèle ist am februar zurück gekommen. Wie seine Schwester France, ist sie Lehrerin.
Ich will dich lassen mein lieber Heinrich. Ich wünsche dass mein Brief scnell dir kommst und dich gesund findet
Beste grüssen von allen Freuden.
Alle drei küssen wir dich fielmahl

Deine Mutter

Mon chère fils
C'est avec grande joie que nous avons reçu hier ta lettre du 18 Juin. ............... Nous sommes heureux que tu sois en bonne santé. C'est pareille pour nous. Toute la famille va bien. Nous étions à Comblanchien le 15 Juin. La grand-mère ne peut plus bien se tenir. Johann PERRIN était venu voir sa famille pour 3 semaines. Micheline a passé son baccalauréat. Oncle Lucien était très fatigué. Il ne travaille pas. Nous pensons que ça devrait s'arranger. Nous avons vu les cousines Marguerite,Ursule et Marie, et aussi le curé de Chambolle. Tous te disent bien des choses. Nous allons bientôt voir ton Oncle Joseph
Ton père a toujours beaucoup de travail. Ta sœur Marie-Thérèse n'a pas passé son brevet le 31 Mai. Elle travaille encore et devrait le passer en Octobre.
Que fais tu de tes jounées ? Travailles tu ? Devons nous t'envoyer de l'argent ? La croix rouge de Lyon devrait aujoud'hui t'envoyer un paquet. .............
Reçu le 4/08/44
Il notait systématiquement la date de réception des courriers

Buchenwald le 20/07/44
Lettre de Buchenwald
Liebe Eltern und Schwester. Ich schreibe ihnene für zweiten Mal. Ich bin immer in guten gesundheit. Ich warte auf ihren Nachrichten. Schrieben sie mir langeweiserum mir zu sagen was sie tun. Sie können mir auf deutsch schreiben, wenn sie wollen. Aber schiken sie mirschnell eine mit Machine geschrieben Postkarte, die rächer gehenwird. Hat Marie-Thérèse ihre Prüfung vorbeigegangen ? Spielt sie immer Klavier ? Ich hoffe dass sie immer in Andrézieux zum garten gehen, weil die Ernährung schwer sein soll. Darauf frage ich ihren Paketten mir wenn sie für ihnen genug haben, weil ich nicht hungrig bin. Dennoch mächten einige Delikatessen mir Lust, und andere Säche, wenn sie können (zucker, Salzen Butter u.s.w.) Nähring die sich haltet, Conservenbuchsen, Bohnen, u.s.w.... Ich empfange wohl Tabak, Papier, Unterkleide, halbe Strümpfe, Ein Paar alten hohen Schühe, Bleistift, Brotbendel, Bäcker ,Seif, Zänseife. Das gewicht und das Nummer der Paketen sind wie sie wollen. Ich denke oft and ihnen. Mas wird die Vatersbrief narkenvers am mehung ? Geben sie mir Nachiten der ganzen Famile. Sind sie in der Statd geblieben. Sie wären besser im Feld. Sein sie sicher dass ich bei euch mit gedanke oft bin. Ich küsse sie alle drei viele male. Freundleckeit allen Freuden.
Ihre Sohn und Bruder Henri PERRIN

Lettre de sa mère
Reçu le 20/8/44

Carte qu'il ne reçut pas "Employer formules Croix Rouge"

Traduction

St-Etienne , le 18 Août 1944- Mon cher Henri nous avons reçu avec joie hier ta deuxième lettre du 20 Juillet. Nous sommes heureux de savoir que tu es en bonne santé. Nous t'avons dejà envoyé deux paquets de vivres. Ta Tante de Comblanchien en a envoyé un aussi ainsi que M HOFFMAN de Paris. CHOMETTE t'a fait envoyer par la Croix-Rouge un colis de vêtements : complet, pardessus et linge de corps. Ton Oncle Lucien te fait adresser un autre colis. Nous espérons que tu les recevras bien. Nous sommes tous trois et toute la famille en bonne santé. Ta sœur n'a pas passé le brevet et ne fait plus de piano provisoirement car nous avons dû évacuer notre maison qui été endommagée à la suite d'un bombardement. Ne te fais pas de mauvais sang. Nous sommes bien installés dans un appartement derrière la gare du Clapier. Toute la famille est tenue au courant de tes nouvelles dont ils sont très heureux. Nous avons beaucoup prié pour toi et nous continuons. Nous espérons te revoir bientôt. Je t'embrasse bien affectueusement au nom de nous trois. Ma collection de timbres est toujours là mais elle sommeille jusqu'à des jours meilleurs.

Ton père

Carte postale non reçu

St Etienne, den 18 August 1944 - Meine Lieber Heinrich - Wir haben Gestern mit freuden deinen zweiten brief 20 Juli erhalten und sind gluecklich dich bei guter gesundheit zu wissen. Wir haben dir schon 2 packete mit lebensmittel zugeschickt, deine Tante von Comblanchien hat dir ebensfalls ein paket zukommen lassen ,sowie M.Hoffmann von Paris. Chomette hat durch das Rote Kreuz ein packet mit kleider-anzug, uberzieher und leibwaesche-abgesandt. Dein oncle Lucien sendet dir ebenfalls ein packet. Wir heffen das du sie erhalten wirst. Wir sind alle drei guter gesundheit. Deine schwester hat die prüfung-Brevet- nicht gemacht. Auch spielt sie verlufig mehr klavier, da wir inflage bombardierung unsere wehmung geraumt haben. Sie aber beruhigt, wir sind gut aingerichtet in ainer neuen wohnnung inter banof von Clapier. Die ganze familie ist über deine neuigkeiten unterrichtet und daher glücklich. Wir haben viel geheten für dich und fahren weiter fort. Meine briefmarkensammlung ist immer nach da, nur schläft sie bis besser zeiten kommen.
Heffen dich bald begrüssen zu können . Ich grüsse und küsse dich recht herzlich für alle drei

Deine Vater


Carte qu'il ne reçut pas "Retour à l'envoyeur"
Carte postale retour à l'envoyeur
St Etienne 22 September 1944 Mein lieber Heinrich
Seit ein monat haben wir nichts mehr von dir bekommen. Wir hoffen daß du meiner gesund bist. Die ganze familie ist gesund. Großmutter, tante Hilda,onkel Renée ,Zabeth, Paul, tante Renée, onkel Lucien, Joseph ,tante Suzanne, Jean, Micheline, Marie, Ursule, Marguerite auch wir küssen dir vielmal.
Deine Mutter

Neuchatel le 18 decembre 1944

Mon cher Henri

Nous attendons avec impatience de tes nouvelles. As tu reçu mes cartes. Je t'ai envoyé un petit paquet par la Croix Rouge j'espère que tu l'auras pour Noël. Nous avions reçu des nouvelles d'Hilda ces jours passés tous sont en bonne santé. Chez nous rien de nouveau nous sommes tous en bonne santé et esperons que ma carte te trouve de même.
Nous pensons bien à toi et t'envoyons mon cher Henri avec nos bons vœux d'affectueux baisers.

Ta tante Titine,Oncle Paul et Jeannot

Reçu le 24/2/45


Lettre de son cousin Suisse

Carte de Genève

Carte d'un amis prisonnier de guerre

Un petit billet

Délivré par les Américains depuis mercredi 11 avril. Suis en bonne santé. Espère de même pour vous. Je pense bien à toute la famille. A bientôt . Bons Baisers.

Buchenwald 14 Avril 1945


Buchenwald;
15-IV-1945

Courrier Avril 1945
Oblitéré à Paris
23-IV-1945
Mes chers tous

Enfin libre! Est ce un rêve ? Souvent, j'en ai peur et je crains de me reveiller.Heureusement, les americains sont là pour me prouver que c'est bien la réalité.
D'ici peu, je crois nous pourrons nous retrouver et nous raconter, je crois une foule de choses. depuis qu'on ne s'est vu! Et quels évênements depuis! Quelles histoires! Lorsque, de retour, ayant quitté le costume rayé du Häftling, j'ai l'impression que j'aurai des difficultés à reprendre contact avec la vie normale, tant nos anciens seigneurs, les SS nous avaient abrutis.
Je peux vous dire, tout de suite, que si je peux vous écrire aujourd'hui, cest grâce à une foule de chances successives. En particulier, ce qui ma sauvé la vie, c'est une pleurésie qui a duré plus de 4 mois. Alité à l'infirmerie du camps, j'ai échappé au bombardement et ai passé l'hiver au chaud. Et bien d'autres choses encores que je vous raconterai plus tard. Cependant pour le moment je suis en parfaite santé. Je ne me ressens presque plus de la pleurésie. J'ai bien quelques douleurs dans les jointures. Manque de lubrifiant ou résultat du climat pourri de Buchenwald, de toute façon, de retour en France, il n'en restera plus rien. Mes cheveux repoussent. Ils ont une douzaine de millimètres.
De même que vous devez être impatients de savoir de mes nouvelles, je le suis de mon côté, d'apprendre ce qui c'est passé pendant mon absence. J'ai appris par divers camarades, arrivé au camps en Août que la maison avait été rattatinée. ou logez vous maitenant ? Tant et tant de questions que je me pose.
J'ai reçu votre première lettre le 4-VIII (une semaine avant d'apprendre que le 1 rue Ferdinant n'éxistait plus) puis une carte postale le 20; une lettre de Mr Hoffman le 12-VIII et c'est tout. Plus tard en février et mars une carte de Mme Rognon et 2 de Neuchatel et enfin le 5 avril une carte de Jean Daniel daté du 14/2.
Je ne sais pas si nous resterons là longtemps. Cependant envoyez moi de suite des nouvelles de toute la famille.
Je n'étais pas fort en histoire, mais il y a qques dates dont je me souviendrai, et en particulier de celle du 11 avril, fin de notre cauchemard.
Enfin, d'ici peu, je pense que tout sera normal. Patientons encore un peu et à bientôt.
Transmettez ma sympatie à tous les amis.
Je vous envoie mes meilleurs baisers ainsi qu'à tte la famille. HENRI
P.S. Est ce que la cave a souffert au bombardement ? Il y a bien encore une ou deux bouteilles.....


Buchenwald;
15-IV-1945

Courrier Avril 1945
Oblitéré à Paris
23-IV-1945
Mes chers tous

Enfin libre! Est ce un rêve ? Souvent, j'en ai peur et je crains de me reveiller.Heureusement, les americains sont là pour me prouver que c'est bien la réalité.
D'ici peu, je crois nous pourrons nous retrouver et nous raconter, je crois une foule de choses. depuis qu'on ne s'est vu! Et quels évênements depuis! Quelles histoires! Lorsque, de retour, ayant quitté le costume rayé du Häftling, j'ai l'impression que j'aurai des difficultés à reprendre contact avec la vie normale, tant nos anciens seigneurs, les SS nous avaient abrutis.
Je peux vous dire, tout de suite, que si je peux vous écrire aujourd'hui, cest grâce à une foule de chances successives. En particulier, ce qui ma sauvé la vie, c'est une pleurésie qui a duré plus de 4 mois. Alité à l'infirmerie du camps, j'ai échappé au bombardement et ai passé l'hiver au chaud. Et bien d'autres choses encores que je vous raconterai plus tard. Cependant pour le moment je suis en parfaite santé. Je ne me ressens presque plus de la pleurésie. J'ai bien quelques douleurs dans les jointures. Manque de lubrifiant ou résultat du climat pourri de Buchenwald, de toute façon, de retour en France, il n'en restera plus rien. Mes cheveux repoussent. Ils ont une douzaine de millimètres.
De même que vous devez être impatients de savoir de mes nouvelles, je le suis de mon côté, d'apprendre ce qui c'est passé pendant mon absence. J'ai appris par divers camarades, arrivé au camps en Août que la maison avait été rattatinée. ou logez vous maitenant ? Tant et tant de questions que je me pose.
J'ai reçu votre première lettre le 4-VIII (une semaine avant d'apprendre que le 1 rue Ferdinant n'éxistait plus) puis une carte postale le 20; une lettre de Mr Hoffman le 12-VIII et c'est tout. Plus tard en février et mars une carte de Mme Rognon et 2 de Neuchatel et enfin le 5 avril une carte de Jean Daniel daté du 14/2.
Je ne sais pas si nous resterons là longtemps. Cependant envoyez moi de suite des nouvelles de toute la famille.
Je n'étais pas fort en histoire, mais il y a qques dates dont je me souviendrai, et en particulier de celle du 11 avril, fin de notre cauchemard.
Enfin, d'ici peu, je pense que tout sera normal. Patientons encore un peu et à bientôt.
Transmettez ma sympatie à tous les amis.
Je vous envoie mes meilleurs baisers ainsi qu'à tte la famille. HENRI
P.S. Est ce que la cave a souffert au bombardement ? Il y a bien encore une ou deux bouteilles.....


Courrier des aumoneries des prisonnier de guerre

Dans l'enveloppe il avait glissé un petit morceau de papier

Morceau de papier


Télégramme

Il arriva le 1° Mai 1945 en gare de St Etienne, il neigeait.